lundi 17 octobre 2016

"Il était une fois..." Romance exquise

Salutations cher lecteur !
Du mal à saisir le jeu du titre ?
Un mélange entre romancer et cadavre exquis !
Je sais c'est tiré par les cheveux, mais ça sonne bien ! On dirait une histoire d'amour :')
C'est un peu ça aussi <3


Il était une fois un chat
qui vivait près d'un ruisseau sa seule particularité était de porter des sabots qu'il avait fait lui même à partir d'un bois bien particulier, celui de l'arbre fée ! Ainsi, grâce à ceci, il pouvait ressentir la terre vibrer sous ses patounes quand l'amour autour de son aura venait à manquer. Il devait donc  prophétiser l'amour de la terre aux chats autour de lui !
Malheureusement ils le prenaient pour un fou illuminé
il avait beau prier les étoiles, il ne pouvait décrocher la lune. Il décida alors de faire une potion de paix ! Pour cela... il se mit à jeûner deux jours en invoquant la terre, et en retira des mottes d'herbes. Il les mélangea à du bois sorbier, arbre magique, puis les colla grâce à de la sève. Sa mixture achevée, il en enduisit ses sabots.

Ainsi, les gens autour de lui devenaient plus calmes ! Mais cela ne suffisait pas et ses pattes vibraient toujours...Il ne pouvait utiliser la force, et la violence était inutile. 
Alors, par désespoir, il se mit à miauler doucement la nuit, plongé entre lune argent et forêt noire.
 C'est sous ce tableau que lui apparut la solution : Une licorne ! Qui lui donna des brins de sa crinière en échange de l'un de ses précieux sabots. (La licorne avait ébréché l'un des siens.)

Il lui donna à contrecœur, mais avait une nouvelle idée !
Il lui fallait un morceau d'os d'elfe des bois, car  ce type d'elfe là état particulièrement attaché au bien être de la nature.
Pour trouver cet elfe, il lui fallait retourner toute la forêt blanche ! Il chercha sous les pierres, en haut des arbres, dans l'eau, sur l'eau...
Finalement, il se trouva que cet elfe habitait dans le creux d'un tronc
Il toqua donc au tronc..
Et un vieil elfe rabougri sorti son nez pointu des recoins de l'arbre. Le chat le salua et lui expliqua rapidement son histoire, que l'elfe écouta sans réagir, jusqu'à ce qu'il demande enfin le fameux os...
L'elfe parut alors reprendre vie, très lentement, et lui demanda s'il nécessitait de mourir pour cet os...

 Le chat n'en avait aucune idée, et il réfléchit à une solution... Il demanda à l'elfe si celui-ci avait un proche enterré non loin, mais l'elfe lui expliqua que, à leur mort, ils se faisaient fusionner avec un Arbre Père...Le chat ne savait que choisir entre tuer un vieil elfe afin de récolter son os, ou retourner voir la licorne pour une autre mixture...L'elfe paraissait embêté, en plus, il comptait rédiger son testament très bientôt

Après un grand instant de réflexion sous silence, l’Elfe annonça qu'après avoir rédigé son testament, il voulait bien emmener le chat dans la clairière des Arbres Père en espérant y trouver un elfe mort encore en état. Il ajouta, que, quoi qu'il arrive, à sa mort, aussi lointaine soit-elle, le chat aura le droit de prélever l'os dont il avait besoin sur son cadavre. Le chat acquiesça et ils allèrent dans la clairière des Arbres Pères. Elle se situait au milieu de la Foret noire et était un refuge pour les Lucioles Vorace, véritables vautours de la forêt. L'elfe et le chat marchèrent longtemps parmi les arbres, sans jamais y voir le moindre bout d'elfe, vivant ou mort. "C'est que nous sommes en voie d’extinction, nous les elfes, expliqua le vieux sage, plus personne ne vient mourir ici."

Le chat se résigna à attendre la mort du vieil elfe...mais avant, il se mit à guetter le retour de la licorne, pour lui demander comment on pouvait remplacer l'os pour réaliser son idée. C'est en guettant la Licorne que le chat remarqua le jeu des Lucioles Voraces... Elles semblaient toutes aller chercher différentes choses dans la forêt pour les ramener vers leur nid, qui n'était pas très loin... Il se dit que cela ne coûtait rien d'aller voir, il avait le temps !
Il en suivit une qui paraissait étonnamment rapide, mais en la suivant du regard, il ne put éviter la crevasse sous ses pattes...il tomba...Et tomba...encore et encore

Pour atterrir directement en face de la matriarche des Lucioles, (Sorte de grosse crevette avec un appendice lumineux) qui le regardait avec 12 paires d'yeux emprunts de la sagesse des âges
Le chat se sentit devenir tout petit face à cette créature pourtant d'une taille ridicule. Pris d'un respect subit pour elle, il s'agenouilla sur ses pattes avant et lui demanda si elle possédait des os d'elfes des bois
La Luciole, amusé par ce personnage atypique qui venait de mettre fin à plusieurs années de solitude, lui indiqua dans un souffle de vent (et avec un geste de mandibule) une pièce adjacente où était entreposées toutes les réserves de nourriture des lucioles

Le chat, ravi, battit des pattes et se précipita dans la réserve...quoique avec un peu de...Réserve (haha) : il ne savait pas ce que ces Lucioles pouvaient bien manger.
Là, il vit une espèce d'immense cavité avec en son centre une immense pile d'os, de chair et de divers morceaux d'espèces variées... Il était bien avancé, il ne savait pas à quoi ressemblait un os d’elfe des bois ! Et tandis que l’inquiétude le gagnait, une forme se mis à remuer dans un coin sombre...

Son corps se refroidit entièrement, et son cœur se mit à battre frénétiquement, comme pour lui montrer que les battements lui étaient comptés. Il se rencogna dans un coin pour trouver un appui...et possiblement, une cachette. La forme se déploya encore plus..et tandis qu'il commençais à voir sa vie défiler devant ses yeux, la silhouette fit un énorme bruit venant des tréfonds de son corps accompagné d'une série de craquement d'écorce: "MUUUUAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRR Humf" (bruit d'étirement)
La silhouette fit un pas boiteux en avant pour apparaitre à la lumière... C'était un Ent ! Qui salua notre héros d'une lente voix caverneuse mais sympathique.
Le chat n'avait entendu parler de ces créatures seulement que dans les livres qu'on lui avait lu, aussi, il fut saisi de voir apparaître une entité magique. Il lui conta sa quête, et demanda s'il pouvait lui identifier ce qu'était un os d'elfe des bois, plus particulièrement un bout qui pouvait servir de pinceau. 
Sa patte se mit à vibrer, il y avait longtemps qu'elle n'avait pas fait ça...c'était un signe de... discorde ! Il fallait qu'il ramène vite une solution sinon l'amour serait à jamais aboli ! l'Ent lui indiqua avec toute la lenteur du monde que les os d'elfes des bois était les plus sombres et les plus légers ! Le chat le remercia, s'empara vite d'une réserve de ces os particuliers et s'en fut le plus rapidement possible par un tunnel qu'il n'avait pas remarqué à l'aller.
Il remonta vite à la surface et retrouva son compère l'Elfe, qui eut l'air assez rassuré de le voir revenir avec des os plein les bras. "Allons vite dans la clairière", s'écria le chat


Ainsi, ils retournèrent à leur point de départ, et le chat entreprit de fabriquer un pinceau avec un os d'elfe des bois et des crins de Licornes. Il finit vite son ouvrage et entrepris de faire la plus ambitieuse peinture de sa vie.

Lorsqu'il eut fini, il se rendit compte que la nuit était passée sans qu'il en eut conscience et que l'aube arrivait. Son tableau était enfin fini, et il en était assez satisfait. Il sentait ses pattes vibrer, mais il sut que c'était la dernière fois.

Le soleil se leva, puis la rosée du matin absorba la peinture, couleur par couleur, pour en rendre les pigments à la Terre.

Et quelque part au loin, une multitude de chats sentirent comme une vague d’apaisement leur parcourir le corps... Cela faisait longtemps que personne ne s'était battu pour leur bien-être.

Peinture du Chat

vendredi 14 octobre 2016

Savoir défendre les Haïtiens

Bonjour lecteur !
Dans notre bateau, pas mal de fantômes se promènent un peu librement, et des fois, sans qu'on sache trop pourquoi, y'en a qui pousse des grosses gueulantes... Des fois sensés, des fois nan.
Des fois en latin ou en grec, des fois dans des langues... Étranges xD

Et puis des fois, y'a un peu comme une illumination.

Ce fantôme n'est pas originaire d'Haïti, il n'y est même jamais allé...  (bientôt...) En tout cas, pas dans cette vie là !

Ça y est, je craque, c'est l'heure du coup de gueule.
En ces temps durs pour Haïti, j'aimerais plus que tout contribuer à rappeler au monde quelque chose. Car moi aussi, j'ai de la peine pour ce pays, pourtant de petite superficie, qui s'est farci 2 catastrophes climatiques à à peine 7 ans d’intervalle. Alors oui, la compassion, la solidarité sont à l'ordre du jour, et il est urgent d'aider les Haïtiens à sortir le moins abattus possible de cette terrible épreuve.
Cela dit, une colère me ronge. Depuis le 12 janvier 2010, c'est la première fois que le monde entend parler d'Haïti, limite, prend conscience de son existence. Et à chaque fois, c'est pour s'apitoyer sur le sort de ces pauvres Haïtiens sur lesquels tous les malheurs du monde semblent s'abattre.
Eh bien moi, je préfère profiter de l'occasion pour vous rappeler à tous qu'Haïti ce n'est pas que de la misère. Là où le simple nom d'Haïti vous évoque l'image d'un petit enfant noir tout nu et rachitique regardant l'objectif de l'appareil photo avec les larmes sur le point de couler, et un évident sous-texte "Pitié aidez-moi", moi je vois le panache, une excentricité éblouissante, une créativité qui aurait de quoi faire rougir au moins 90% des pays du monde entier, un don pour être toujours en avance sur son propre temps et repousser les limites de l'esthétique, une ardeur, une volonté de liberté qui a laissé des traces éternelles dans l'Histoire. Je m'explique en détails.
Si vous me demandez tout ce qui fait ce panache, cette excentricité et cette créativité, une bonne proportion de ce que je vais vous citer vous mènera directement au culte vaudou haïtien. Je précise "haïtien" car celui-ci est très différent de son ancêtre, le vaudou béninois. Le vaudou haïtien est un syncrétisme, c'est-à-dire qu'il est l'héritage à la fois du vaudou béninois que je viens de citer et de la religion chrétienne importée par les Français. Un métissage, donc, qui s'ancre dans les racines même de la culture nationale, un métissage entre le monde européen et le monde africain. C'est déjà quelque chose de rarissime. Et ce même héritage, vous le retrouverez dans la langue du créole haïtien. Lorsqu'on ne connait pas, et que cette culture nous est présentée pour la première fois, ce choc fusionnel peut avoir un aspect déstabilisant, voire nous faire rire, parfois. C'est vrai que lorsqu'on découvre une religion dans laquelle certains "guédé" ("guides", esprits de la mort) portent des noms tels que Baron Samedi, Maman Brigitte ("Manman Brigitte" selon la prononciation créole) ou encore Baron Kriminel, c'est pour le moins insolite. Et pour autant, c'est tout sauf dérisoire.
Pourquoi n'est-ce pas dérisoire ? Parce que les Haïtiens ont immédiatement su cultiver le paradoxe. Ils savent mélanger le spirituel, le comique, l'enfantin, le sinistre, et jamais rien de tout cela ne sera ridicule. Au contraire, c'est le ton excessivement solennel des religions plus classiques qui parait un tantinet obsolète à côté. Et là, je vois un gène culturel qui peut permettre à Haïti d'encaisser tous les coups de ses ennemis, qui peut lui éviter l'humiliation en toute circonstance. On ne peut pas humilier Haïti car Haïti rira toujours plus fort que les gens qui souhaitent la rabaisser, et ceux qui se prendront trop au sérieux, eh bien ceux-là sont voués à être les dindons de la farce. Un gène, qui, dans un registre plus dramatique, absorbe de même la misère et le chaos, pour les transformer en énergie créative. Peut-être ce gène-là n'a-t-il pas été systématiquement exploité, mais il est là. Et les artistes sont les premiers à le faire valoir. Je pense notamment à deux d'entre eux qui m'ont mis une claque et qui, chacun à sa manière, et avec une cohérence esthétique globale, représentent à la perfection la tendance d'Haïti à repousser les limites de l'art. D'abord, Atis Rezistans, dont voici le site web pour les curieux http://www.atis-rezistans.com/, les sculpteurs de la Grand Rue de Port-au-Prince, la capitale. Inutile de vous décrire quoique ce soit, je vous laisse jeter un œil et vous comprendrez où je veux en venir. Et pour ceux d'entre vous qui ont vu le film Timbuktu, du Malien Abderrahmane Sissako, vous vous souvenez de la folle du village ? Celle qui, de façon très shakespearienne, s'élève par sa folie à un niveau supérieur à tous les gens qui l'entourent ? Eh bien il s'agit d'un personnage haïtien, d'une sorcière vaudou (qui évoque le séisme de 2010 dans son monologue), et qui est jouée avec une majesté insolite et paradoxale par Kettly Noel, que je salue au passage, et que j'attends au tournant à Paris pour assister à un de ses spectacles. Une danseuse, chorégraphe, metteuse en scène qui, de ce que j'ai pu en voir, est elle aussi attachée à la rencontre entre les cultures, et à l'image d'Haïti, tournée vers l'avenir de la culture, et aime "interroger le corps sur ses limites". La liste est longue, je pourrais vous citer une ribambelle de peintres d'art dit "naïf" à commencer par Hector Hyppolite dont j'affectionne tout particulièrement le travail, mais bon, j'ai encore des choses à dire, donc abrégeons.
J'ai parlé, beaucoup plus haut, d'une ardeur et d'une volonté de liberté qui avaient laissé des traces éternelles dans l'Histoire. Ce n'est pas à prendre à la légère. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'Haïti fût la première République du monde fondée par des noirs, c'étaient les premiers esclaves du monde africain à gagner de haute lutte leur indépendance, et tenez-vous bien : contre Napoléon Bonaparte. Oui, les Haïtiens ont niqué Napoléon. Dès le jour où ce pays à existé, il était le fer de lance d'un mouvement d'émancipation d'échelle mondiale. Il est né avec la vocation d'être en avance sur son temps. Et à voir le potentiel qu'a Haïti de trouver sa place dans la modernité, je pense, et espère de tout cœur, que l'Histoire se répètera à ce niveau, parce que cette Nation le mérite et qu'elle en est capable !
Si j'en arrive à déblatérer tout ça c'est parce que j'en ai ras-le-bol de l’hypocrisie, du paternalisme. Oui, Haïti a besoin d'aide et de solidarité. C'est un devoir humain. Soyons solidaires envers les Haïtiens comme le monde a été solidaire avec nous lorsque Daech est venu massacrer nos concitoyens. Mais ne devenons pas amnésiques jusqu'au jour où Dame Nature s'en prendra à Haïti une fois de plus. Faut-il toujours attendre la catastrophe pour se rappeler que ce pays existe ? Si on tient tellement à aider ce pays à se relever, je ne suis pas sûr qu'en faire une destination de rêve pour le "white savior complex" soit, sur le long terme, plus efficace que de promouvoir une culture qui mérite d'être promue à un point que vous n'imaginez pas. Et je pense que tout le monde en ressortira vainqueur.
Voilà mon geste sincère pour un pays dont je suis tombé amoureux à distance, et que je compte découvrir de mes propres yeux en février prochain, notamment pour le Carnaval de Jacmel. Je ne déploie pas des milliards d'euros pour leur venir en aide, certes, et cela m'attriste parce que je souhaite au plus profond de moi voir un jour ce pays briller comme il devrait. Mais si je peux, à ma petite échelle, au moins crier mon amour pour Haïti et surtout, mon estime, je suis heureux de pouvoir le faire, et j'espère que mon propos ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd.
PS : A mes amis geeks, saviez-vous que le mythe du zombie était originaire d'Haïti ?

Un petit pas choisi par notre fantôme pour illustrer son article ! 

 On vis dans un monde ou existe des milliers de cause à défendre... éducation, environnement, industrie alimentaire, liberté (dur dur celle la).
C'est surement pour ça que ça m'a fait autant plaisir à moi, la lieutenant, de voir que non seulement cette cause-ci, un peu oubliée par tous , est remise au gout du jour, mais qu'en plus c'est fait avec ardeur et conviction !
Ce texte la, c'est le combat d'une vie !

Et toi lecteur, quel combat mène-tu ? :)