jeudi 30 juin 2016

Dans nos vieilles démocraties c'est la maison de retraite qui gouverne.

Café à la main, clopes taxées à un Anglais pété de thunes... on ajoute un étudiant en Erasmus venant de la République Tchèque et un américain hystérique et encyclopédique: je suis fin prêt pour le British Exit.
Du peu que j'ai pu lire de son carnet, le Che débute par une réflexion sur le voyage. Pour lui, le voyage à ceci d'unique qu'il superpose hautes réflexions philosophiques et estomac vide, sans pour autant se contredire.
Pour l'estomac vide, vous pouvez me croire sur parole.
En ce qui concerne la réflexion je vous laisse juger par vous-mêmes, elle sera plutôt politique et portera plus précisément sur la démocratie.


Café, sneakers, 12h de trajet dans les pattes, pas de lieu où dormir, le tout assaisonné de considérations politiques en Anglais: la nuit s'annonce longue...
Voilà comment je pourrais résumer mon expérience de la démocratie: un compteur de votes qui tourne durant toute la nuit, un ballet de journalistes et de politiciens plus ou moins intéressants, un montage télévision qui gagne du temps en rediffusant les moments "phares" des débats, et un américain qui insulte tous les opposants au Brexit. 


Mais de quoi il se mêle celui-là... 

Les résultats tombent enfin, les partisans du "In" n'ont plus assez de votes restants pour pouvoir inverser la tendance.
Le Out quant à lui gagne par essoufflement. 48 à 52%. On aurait dit un match France - Suisse.
"It's a huge victory" lance l'Américain en nous serrant la main pour appuyer son propos.
"But Great Bretain will be divided" balbutie timidement l'étudiant tchèque.
"How many times do you think Cameron went to the toilets this night?" envoie un serveur caché derrière le comptoir.
Les rires fusent et la réflexion se tire par la fenêtre.


Quel fourbe.

Voilà avec quoi je dois faire pour toute démocratie: un vote légitime mais divisé et donc peu concluant.
Des statistiques qui tentent de rendre au mieux la volonté générale vue comme la somme des volontés particulières et enfin une question sans nuance: oui ou non.
C'est donc à une forme politique étrange, une démocratie sur téléviseur auquel je dois faire face.
Pourtant à ce moment là, l'histoire se fait. La formule est d'ailleurs particulièrement bien adaptée puisque la plupart des plus de 50 ans ont voté pour le "out" tendis que ceux en dessous de la trentaine défendent le "in".
 

Dans un pays de vieux, c'est la maison de retraite qui prend les décisions politiques

On fait du futur avec du croulant. 

Je voudrais finir par une sage réflexion de ma mère qui un jour me lance subtilement:  
"il faudrait faire des descentes dans les maisons de retraite au fusil mitrailleur... A leur âge, franchement, c'est plus une vie qu'ils ont".

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